Sao Paulo partait de loin, en termes d’aménagement du territoire. Ghettoïsation extrême dans les favelas, où vivent 1.3 millions de personnes et risques: plus de 800 incendies entre 2005 et 2012, peu d’intervention des systèmes de secours, des dommages gigantesques.
Le sujet devient un thème de campagne de Fernando Haddad qui briguait la mairie en 2012. Promesses, élection, puis pas d’action pendant presque un an, en apparence. Manifestations dans les favelas, engagement de la police militaire, suspicion d’enfumage pour mieux construire une gare à la place de la favela…
ReporterBrasil a fait une excellente recherche sur la question, à voir ici.

Sao Paolo partait de très loin, donc, et pourtant, le 1er août 2014, la ville a adopté un plan directeur extrêmement ambitieux voire révolutionnaire, pour certaines personnes travaillant dans le domaine de la mobilité durable, sur place.

Le plan vise un développement urbain axé sur l’offre de transports publics, mais pas seulement. Le décorticage des documents disponibles (la plupart en portugais, donc pardon d’avance pour les possibles mauvaises interprétations!) indique que le développement devra être:

  • dense, avec des minima fixés (coefficient d’utilisation = 1, dans les secteurs principaux). Le plan est rétroactif, les parcelles déjà bâties doivent être densifiées.
  • solidaire: les développements au-delà du minimum sont encouragés mais soumis à une taxe qui alimentera un fonds (FUNDURB), servant à financer des logements sociaux, des équipements publics ou des transports publics, notamment.
  • centré sur les transports publics: les secteurs à proximité des stations (type et rayons: voir illuastration) bénéficient d’encouragements à la densification, en étant notamment libérés des taxes pour les densités > 1
  • mixte – pour les projets de plus de 20’000 m2, il est demandé que 10% de la superficie soit consacrée aux logements sociaux
  • qualitatif, en terme d’espaces publics – à proximité des stations de transports publics principales, l’usage des rez et l’aménagement de l’espace sont soumis à des règles, notamment en termes d’infrastructures pour les piétons et d’ouverture des façades

En voyant le projet on a une impression d’action révolutionnaire, d’autant plus qu’on pose des règles strictes allant dans « le bon sens », celui d’une plus grande égalité et d’une mobilité plus durable, dans un pays connu notamment pour sa corruption. Mais cas d’école certainement intéressant et à suivre.

 

Source des illustrations: Prefecture de Sao Paulo

 

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