Dans un article récent, Maximiliano E. KORSTANJE présente l’étude ethnographique de 8 aéroports qu’il a menée pendant 2 ans, et critique la notion de « non-lieux », de Marc Augé (2001).

Selon lui, les « non-lieux » tels que définis par Augé sont surtout caractérisé par leur côté anonyme, la perte de lien avec l’histoire et la tradition. Ils sont en quelque sorte des espaces où se pratique la logistique de personnes-marchandises, concept rattaché en plus au fait que comme touriste, on cherche quelque chose qui n’existe pas – saisir une certaine authenticité qu’on ne fera que voir en surface, au mieux.

Dans le cas des aéroports, il voit des espaces où l’idéologie et la politique convergent – gestion par la police et les douanes, application des idées par rapport à l’accueil des touristes, des migrants ou des expatriés et « Etat » choisi plutôt que « nature », où l’homme serait libre mais plus exposé aux conflits. Dans des interviews avec des Argentins expatriés et revenus au pays, il a noté que l’aéroport principal de Buenos Aires (Ezeiza) revenait quasi à chaque fois comme lieu emblématique, en contradiction avec l’idée de non-lieu – mais il précise ceci dit que cette notion n’apparaît que chez des personnes qui vivent une sorte de rupture historique, et non pas les touristes dont Augé parle. Concernant le tourisme, il idéalise un peu le voyage dans sa forme passée comme une quête de quelque chose d’inconnu. Inconnu certes, mais qu’est-ce qui nous dit que les voyageurs avaient envie de le découvrir plus que maintenant?

Sans vouloir rentrer dans le détail de ce travail qui ne m’a pas convaincue par plusieurs aspects ni de celui d’Augé,  je trouve intéressant de sortir de l’aspect fonctionnel des infrastructures de transports. Je pense que c’est en premier lieu indispensable de travailler avec les urbanistes, pour la question de l’intégration des aménagements « dédiés » à l’espace public, mais avec le temps je me rends aussi compte qu’on passe parfois à côté de la perception et des usages qui sont faits des lieux, domaines dans lesquels nous aurions intérêt à travailler plus avec les sociologues, les psychologues ou les anthropologues. Comme l’a bien compris par exemple Nick Tyler, du University College of London, entre autres à la tête du laboratoire de recherche sur l’accessibilité PAMELA (Pedestrian Accessibility Movement Environment Laboratory), qui travaille justement à la compréhension des paramètres qui influencent l’utilisation d’une infrastructure.